La responsabilité du syndic bénévole

21 janvier 2025


Responsabilité civile

Contrairement au syndic professionnel, le syndic béné­vole est souvent un copropriétaire qui assume gratuite­ment la gestion de la copropriété. Malgré cette gratuité, il n'échappe pas à des obligations légales et peut engager sa responsabilité civile en cas de faute.

Obligations du syndic bénévole

Le syndic bénévole, comme le syndic professionnel, est soumis aux dispositions de la loi du 10 juillet 1965 et du décret du 17 mars 1967 sur les copropriétés. Il doit notamment :

  • Assurer la gestion administrative et financière : convoquer les assemblées générales, tenir une comptabilité précise et détaillée, faire respecter le règlement de copropriété ;
  • Veiller à l'entretien de l'immeuble : organiser les travaux nécessaires et gérer les contrats de maintenance (assu­rance, entretien, etc..);
  • Représenter le syndicat des copropriétaires dans les actions judiciaires et dans les relations avec les tiers.

Le syndic bénévole peut voir sa responsabilité engagée s'il commet une faute dans l'exercice de ses fonctions. Cela peut inclure :

  • La faute de gestion : par exemple, une mauvaise gestion financière ou l'absence de souscription d'une assurance obligatoire pour la copropriété ;
  • L'omission ou le retard dans l'exécution des obliga­tions légales : ne pas convoquer une assemblée générale annuelle, etc. ;
  • La violation des décisions de l'assemblée générale ou une prise de décision unilatérale dépassant ses pouvoirs ;
  • Le défaut de vigilance : par exemple, une négligence ayant entraîné des dommages aux parties communes ou à un tiers.

Pour que sa responsabilité civile soit engagée, trois conditions doivent être réunies : une faute (manquement à une obligation), un dommage (matériel, moral ou financier) et un lien de causalité entre la faute et le dommage.

Limites de la responsabilité

Le syndic bénévole bénéficie souvent d'une certaine tolé­rance des tribunaux, compte tenu de son statut non profes­sionnel. Cependant, cette bienveillance n'exclut pas sa res­ponsabilité en cas de faute caractérisée ou de préjudice grave. En résumé, le syndic bénévole assume des responsabilités importantes, similaires à celles d'un syndic professionnel bien qu'il soit non rémunéré. Une gestion rigoureuse et le respect des obligations légales sont essentiels pour éviter d'engager sa responsabilité civile ou pénale.

Responsabilité pénale

Le syndic bénévole peut être tenu pénalement responsable en cas d'infraction à la loi ou de négligences graves sus­ceptibles de mettre en danger des personnes ou des biens. La responsabilité pénale repose sur le principe selon lequel toute personne peut être sanctionnée si elle commet une infraction prévue par la loi, volontairement ou par négli­gence. Le syndic bénévole, comme toute personne, est soumis à ce principe et peut être poursuivi en cas :

  • d'acte intentionnel illégal,
  • de manquement à une obligation de sécurité ou de pru­dence,
  • d'omission ayant causé un dommage grave.

Le syndic bénévole peut engager sa responsabilité pénale dans plusieurs cas, notamment :

> Mise en danger de la vie d'autrui

  • Non-exécution des travaux obligatoires : par exemple, ne pas faire réaliser des travaux urgents ou nécessaires pour garantir la sécurité des occupants (installation anti-incen­die, réparations des ascenseurs, etc.).
  • Manquement aux normes de sécurité : par exemple, le non-respect des réglementations concernant les équipe­ments collectifs (gaz, électricité, balcons, etc.).

> Infractions financières

  • Détournement de fonds : si le syndic utilise les fonds de la copropriété à des fins personnelles ou à d'autres usages non autorisés.
  • Faux et usage de faux : par exemple, falsification de docu­ments comptables ou truquage des décisions d'assemblée générale.

> Non-respect des obligations administratives, comme l'absence de déclaration de sinistre (omission volontaire ou négligente de déclarer un sinistre à l'assu­reur, causant ainsi un préjudice).

> Infractions environnementales ou urbanistiques

  • Non-respect des réglementations environnementales : par exemple, en cas de travaux polluants ou d'élimination illégale de déchets;
  • Travaux non conformes ou sans autorisation : si des tra­vaux sont réalisés sans respecter les autorisations d'urba­nisme ou les normes applicables.

Sanctions encourues

Les sanctions pénales varient selon la gravité de l'infraction :

- Amendes : souvent proportionnelles à la gravité des faits;

- Peines d'emprisonnement : en cas de délits graves, comme le détournement de fonds ou la mise en danger de la vie d'autrui;

- Interdiction d'exercer une fonction de représentation.

Pour limiter les risques d'engagement de sa responsabilité pénale, le syndic bénévole doit :

- Respecter strictement ses obligations légales et régle­mentaires, notamment en matière de sécurité ;

- Se former sur les règles applicables à la copropriété et aux fonctions de syndic;

- Déléguer certaines tâches techniques à des professionnels qualifiés, comme les travaux de mise aux normes ou les audits de sécurité.

Devoir de diligence et d'information

Le syndic bénévole, bien qu'il exerce ses fonctions gratui­tement, est soumis aux mêmes devoirs fondamentaux que le syndic professionnel, notamment le devoir de diligence et le devoir d'information.

Voici un éclairage sur ces deux devoirs :

Le devoir de diligence

Le devoir de diligence impose au syndic bénévole d'accom­plir ses fonctions avec soin, rigueur et dans le respect des lois en vigueur. Ce devoir implique notamment :

Exécution des missions avec sérieux

Le syndic bénévole doit par exemple :

  • Respecter les décisions de l'assemblée générale : mettre en œuvre les résolutions votées par les copropriétaires dans les délais impartis ;
  • Gérer les finances avec rigueur : recouvrer les charges et payer les fournisseurs.

Prise de décisions éclairées

Le syndic bénévole est tenu d'agir dans l'intérêt collectif des copropriétaires, d'éviter les décisions arbitraires ou contraires au règlement de copropriété, et de solliciter l'accord de l'assemblée générale pour les décisions impor­tantes. Lorsqu'une tâche dépasse ses compétences, le syndic bénévole pourra recourir à des professionnels qualifiés (architectes, avocats, experts-comptables, etc.) pour éviter des erreurs ou négligences.

Le devoir d'information

Ce devoir se manifeste à plusieurs niveaux :

Information sur la gestion courante

Le syndic :

  • Communiquera les décisions prises et les actions en cours (par exemple, travaux réalisés, contrats signés).
  • Transmettra régulièrement les documents financiers et administratifs (budgets, relevés de charges, etc.).

Convocation et organisation des assemblées générales

Le syndic est chargé de convoquer au moins une assemblée générale annuelle, en respectant les formalités légales :

  • Convocation écrite et précise : mentionner l'ordre du jour dans le respect des règles de majorité applicables en fonc­tion des résolutions à approuver, produire les documents annexes (budget prévisionnel, devis, etc.);
  • Compte rendu : rédiger et diffuser le procès-verbal des décisions votées.

Le syndic bénévole doit également signaler tout problème financier, comme des impayés importants ou un déficit budgétaire.

Assurance et protection du syndic bénévole

Il est fortement recommandé qu'un syndic bénévole sous­crive une assurance de responsabilité civile (et pénale) pour se protéger contre les risques liés à sa fonction. Cette assu­rance permet de couvrir les frais en cas de litige, même si elle est généralement moins onéreuse que celle d'un syndic professionnel. La copropriété peut aussi décider de couvrir le syndic bénévole pour éviter les coûts en cas de dommages. En résumé, même s'il est bénévole, le syndic d'une copro­priété a des responsabilités importantes. Pour remplir ce rôle sans risque juridique et financier, il doit être rigoureux et bien informé de ses obligations. La souscription d'une assurance spécifique, le respect des règles de copropriété et une transparence financière sont des mesures essentielles pour se prémunir des responsabilités qui lui incombent.